Pharmacocinétique

Les inhibiteurs de kinases sont tous biodisponibles par voie orale (à l'exception du temsirolimus) mais à des niveaux variables (15 à 98%). Cette biodisponibilité peut dans certains cas être modifiée (réduite ou augmentée) par l'alimentation notamment si les repas sont riches en lipides (ex : imatinib, lapatinib). Afin de limiter la variabilité intra-individuelle, il convient de toujours administrer ces médicaments au même moment de la journée, à jeun ou au cours d'un repas selon les recommandations du RCP (résumé des caractéristiques du produit, Tableau 1). Les inhibiteurs de l'activité kinase de l'EGFR ou de HER2 sont moins solubles si le pH est supérieur à 5 et donc moins bien absorbés.

La liaison aux protéines plasmatiques est très importante.

Le système des cytochromes (CYP3A4/5 surtout, mais aussi CYP1A2, CYP2C19 et UGT1A1) joue un rôle important dans le métabolisme des inhibiteurs de kinase et certains de ces inhibiteurs sont des inducteurs ou des inhibiteurs enzymatiques d'où un nombre très important d'interactions médicamenteuses. Parfois ils influencent même leur propre métabolisme. Certains métabolites ont une activité anti-cancéreuse similaire à la molécule mère et parfois des demi-vies prolongées.

Elimination fécale (majoritairement), urinaire, ou mixte selon les molécules. En conséquence une adaptation posologique peut être requise en cas d'insuffisance rénale ou hépatique (le plus souvent) selon les molécules. Les demi-vies sont variables selon les molécules (Tableau 1).

En raison d'une importante variabilité inter- et/ou intra-individuelles, quelques équipes réalisent un suivi des concentrations plasmatiques de certains inhibiteurs de kinase (ex : imatinib, erlotinib) afin d'ajuster les posologies.

Les biothérapies sont des macromolécules de structure protéique administrable uniquement par voie parentérale. C'est la voie intraveineuse qui est recommandée le plus souvent mais d'autres voies sont exploitables, comme par exemple la voie sous-cutanée ou intrathécale pour le trastuzumab. Les anticorps monoclonaux subissent une dégradation assimilable au catabolisme protéique. Ils ont généralement des demi-vies longues de plusieurs jours, ce qui conditionne le rythme d'administration (toutes les 1 à 4 semaines). Leur clairance est notamment régulée par l'interaction avec un récepteur endothélial au fragment Fc (FcRn) présent sur les cellules endothéliales, monocytaires, épithéliales qui protège les IgG de leur dégradation (notamment par un recyclage intracellulaire). Des différences de demi-vies entre anticorps murins (< 7j) et humanisés/humains (≈20j) s'expliquent par une affinité différente des IgG1 murines pour le récepteur FcRn et par la formation d'éventuels anticorps neutralisants. La clairance est également modifiée si il y a internalisation du complexe anticorps/récepteur qui entraine, soit une dégradation de l'anticorps, soit une diminution de l'expression membranaire du récepteur ciblé et donc de sa fonction oncogénique. C'est une réaction saturable qui justifie le recours à une dose de charge pour certains anticorps (ex : cetuximab).