Interactions médicamenteuses

Les interactions médicamenteuses concernent majoritairement les anti-cancéreux oraux.

Modification de l'absorption

Pour de nombreux inhibiteurs de kinase (dasatinib, nilotinib, erlotinib, gefitinib, lapatinib), la solubilité est pH dépendante. L'administration concomitante d'un traitement augmentant le pH gastrique est à éviter car elle diminue la solubilité et l'absorption de ces molécules. C'est le cas avec les anti-acides (hydroxyde d'aluminium et magnésium), les inhibiteurs de la pompe à protons et les anti- H2. On évitera également l'association de tous les anti-cancéreux oraux avec le charbon, les résines chélatrices et les topiques gastro-intestinaux.

Modification du métabolisme hépatique

Les inhibiteurs de kinases sont métabolisés au niveau hépatique par le CYP3A4 principalement. Les associations avec des inducteurs ou des inhibiteurs de cette isoenzyme sont donc déconseillées.

- Effet des inhibiteurs enzymatiques sur les inhibiteurs de kinases

La concentration plasmatique des inhibiteurs de kinase est augmentée en cas d'association avec des inhibiteurs du CYP3A4 tels que les antifongiques azolés, les macrolides, le ritonavir, le jus de pamplemousse...

- Effet des inducteurs enzymatiques sur les inhibiteurs de kinases

Leur concentration sera diminuée en présence d'inducteurs du CYP3A4 comme la rifampicine, les anticonvulsivants (phénytoïne, phénobarbital, carbamazépine...), le méprobamate, l'aprépitant, le millepertuis, le tabac. De plus il existe une compétition avec d'autres substrats du CYP3A4 comme le bocéprévir (association contre-indiquée).

Effet inhibiteurs propres à certains inhibiteurs de kinase

Le sorafenib, l'erlotinib, le nilotinib et l'imatinib inhibe le CYP2C9, dont les AVK sont substrats. Une telle association entraîne donc une augmentation des concentrations en AVK, et du risque hémorragique. Un contrôle régulier de l'INR doit être instauré. Si l'INR ne peut être stabilisé, les patients nécessitant un traitement anticoagulant devront recevoir de l'héparine standard ou de bas poids moléculaire.

In vitro le crizotinib, le lapatinib, le nilotinib et l'imatinib inhibent le CYP3A4. Il faut donc éviter l'association avec les médicaments à marge thérapeutique étroite ou à risque substrats de cette enzyme : pimozide, quinidine, ciclosporine, morphiniques (fentanyl, oxycodone), ergotamine, dihydroergotamine, ...

Le vémurafénib est inducteur du CYP3A4 et inhibiteur du CYP1A2.

Action sur l'O-glycuroconjugaison

In vitro, l'imatinib inhibe l'O-glycuroconjugaison du paracétamol. La prudence est donc requise lors de l'utilisation concomitante de l'imatinib et du paracétamol, en particulier, avec de fortes doses de paracétamol.

Médicaments augmentant l'espace QT

Compte tenu de l'allongement de l'espace QT avec le sunitinib, le vadétanib, le dasatinib et le nilotinib, ils ne doivent pas être associés avec d'autres molécules l'allongeant également (neuroleptiques, macrolides, quinolones, certains anti-arythmiques, certains antihistaminiques...) du fait du risque de torsade de pointe. L'association est également délicate avec les médicaments bradycardisants : crizotinib, thalidomide.

Il convient de ne pas associer des anti-angiogéniques entre eux. En effet, une anémie hémolytique microangiopathique (AHMA) a été fréquemment rapportée chez des patients traités par l'association bévacizumab et sunitinib. De plus, une hypertension (incluant des poussées hypertensives), une créatininémie élevée et des symptômes neurologiques ont été observés chez certains de ces patients.

Augmentation du risque hémorragique avec les inhibiteurs de BCR-ABL (risque de thrombopénie) et les anti-angiogéniques : il conviendra d'être prudent en cas d'association avec des anti-coagulants ou des anti-agrégants plaquettaires. Un délai de 10 jours doit être respecté entre le début d'un traitement par bévacizumab et la fin d'un traitement anticoagulant ou par aspirine > 325 mg/j.

Risque thromboembolique :

Eviter l'association de thalidomide et lénalidomide avec les agents stimulant l'érythropoïèse.

Risque d'hypertension intracrânienne en cas d'association de trétinoïne et d'une cycline : association contre-indiquée.