2 - L'accompagnement nutritionnel en pratique

2 - 3 - 2 Conseils hygiéno-diététique

Avec quoi ? Comment ?
Beurre En tartine et dans les soupes, sauces, purées, sur les pâtes et les légumes
Crème, double crème, crème acidulée, séré à la crème Crème liquide dans les soupes, sauces, soufflés, gratins, milk-shakes, crème foutée dans le birchemuesli, les desserts, les compotes
Huile d'olive, de colza Dans les soupes, sauces, soufflés, gratins et la sauce à salade
Sucre, miel Dans les boissons, soufflés, compotes et autres desserts
Séré à la crème Dans les soupes, les sauces, les gratins, purées, en tartine (sucrée ou salée), comme dessert avec des fruits
Fromage râpé, mascarpone Avec des aliments ou plats salés comme soupes, gratins, pâtes, risotto, polenta, sauces
Lait en poudre Dans les soupes, sauces, purées, frappés, crèmes, desserts
Attention : ne convient pas aux personnes souffrant de diarrhée ou d'allergie au lactose



Pour chaque effet indésirable ayant une conséquence sur l’alimentation du patient, il sera repris des conseils hygiéno-diététiques pour limiter les troubles, puis des conseils associés aux prescriptions médicales et enfin des conseils complémentaires en aromathérapie et/ou homéopathie.
Pour les conseils en aromathérapie, il est important de bien prendre soin de s’informer des contres indications spécifiques à chacune des huiles essentielles. On peut déjà citer les contres indications générales : asthme, épilepsie, femme enceinte et enfant de moins de 12 ans. Concernant l’homéopathie, il s’agit de traitements accompagnant les prescriptions ou étant pris en seconde intention ; cela peut ne pas être suffisant utilisé seul. Dans tous les cas, aucun médicament ne doit être pris pendant les cures de chimiothérapies ou radiothérapies sans l’avis du médecin spécialiste concerné.


a) Nausées - Vomissements
Comme vu précédemment, un patient traité pour un cancer est très souvent sujet aux nausées, surtout lors des cures de chimiothérapies. Pour les limiter, le patient peut supprimer le lait et toutes préparations riches en lait au petit-déjeuner du jour de la cure. À la place de cela il est préférable de prendre un morceau de fromage qui tiendra mieux au corps. Il est essentiel de ne pas aller le ventre vide à une séance de chimiothérapie.

  • Prendre des aliments sous forme lisse et épaisse empêchera un brassage trop important de l’estomac.
  • Pour éviter les nausées liées aux odeurs, préférer des aliments froids plutôt que chaud.
  • Boire en petites quantités mais plus régulièrement.
  • Fractionner les repas, comme l’apport hydrique, manger en petites quantités mais plus souvent.
  • Éviter les graisses cuites.



Conseils en aromathérapie


Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage bien établi de l’Huile essentielle de Menthe Poivrée (Mentha piperita) en inhalation ou une goutte 3 fois/jour par voie orale pour soulager les nausées-vomissements
Usage traditionnel de l’Huile essentielle (HE) de Lavande fine (Lavandula angustifolia) en inhalation pour soulager les nausées liées à l’anxiété

Conseils en phytothérapie

Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage bien établi du Gingembre (Zingiber officinale) pour les nausées vomissements : une gélule à 250mg d’extrait sec 4 heures avant la chimiothérapie puis une gélule toutes les 4 heures si besoin.

Conseils en homéopathie

  • Nux vomica 9ch : hypersensibilité aux odeurs, nausées calmées par les vomissements
  • Ipeca 9ch : nausées non améliorées par vomissement, hypersalivation, langue propre
  • Cocculus 9ch : nausées, vertiges, améliorés en fermant les yeux et par la chaleur
  • Veratrum album 9ch : vomissements, 5 granules 3 à 4 fois par jour.
  • Gelsemium 15ch : nausées par anticipation, 1 dose avant la perfusion


En première intention, il faut privilégier l’utilisation de l’huile essentielle de Menthe poivrée, s’il n’y a pas de contres indications, ou du gingembre. 

b) Diarrhée - Constipation
Que ce soit en cas de diarrhée ou de constipation, l’apport hydrique est essentiel. Boire fréquemment évite une perte d’eau et de minéraux trop importante en cas de diarrhée ; et facilite le transit en cas de constipation. Adapter l’alimentation en conséquent, c’est-à-dire en cas de diarrhées :

  • favoriser carottes (cuites), riz blanc, banane, pomme (crue), pâtes, pain blanc, le coing
  • diminuer les aliments riches en fibres : pain complet, lentilles, fruits et légumes en général
  • remplacer le lait classique par du lait sans lactose
  • éviter le café, les sodas, les jus de fruits trop frais


En cas de constipation, ce sera l’inverse : augmenter les apports en fibres et diminuer les aliments ralentissant le transit tels que les féculents, la banane, la pomme etc.

Pharmacien : conseils au comptoir


En cas de diarrhées :

1) Les probiotiques : Très bon conseil associé en cas de diarrhées pour régénérer la flore intestinale mais attention à leur utilisation, il n’est pas conseillé d’en prendre pendant la cure de chimiothérapie, il faut les prendre plutôt après.

2) Ultra-levure® : Anti-diarrhéique d’origine microbienne qui va favoriser la restauration de la flore intestinale, médicament contre indiqué si présence d’une chambre implantable.

Conseils en homéopathie

  • Constipation : Alumina 5CH = 5 granules matin et soir, constipation iatrogène
  • Diarrhées : China rubra 9ch = 5 granules après chaque selle liquide



c) Mucites - Aphtes
La présence de mucites et d’aphtes entrainent des douleurs buccales importantes, surtout au moment des repas. De simples recommandations permettent de limiter ces douleurs et/ou de s’alimenter malgré celles-ci :

  • Favoriser des repas crémeux, onctueux, rajouter de la sauce ou de la crème ; a contrario éviter les aliments durs (croûte de pain, aliments panés...)
  • Mixer les aliments
  • Privilégier les aliments froids, lactés, lisses
  • Éviter les aliments acides qui vont piquer (vinaigrette, jus de fruits..) ; et supprimer la pomme de terre car ses particules restent collées à la muqueuse de la gorge et entrainent une irritation.
  • Boire à la paille pour limiter le contact avec la bouche
  • Penser aux matières grasses qui lubrifient la bouche ce qui aidera à avaler les aliments



Quelques conseils à donner lorsqu'un bain de bouche au bicarbonate de sodium est prescrit au patient :

  • Faire les bains de bouche au minimum 5 fois par jour dès le début de la chimiothérapie, il s’agit d’un traitement préventif pour alcaliniser la muqueuse buccale. L’ajout d’antifongique ou d’antibiotique se fait dès les premiers symptômes d’infection.
  • Utiliser une brosse à dent souple



Conseils en aromathérapie

Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage traditionnel de l’Huile essentielle de Tea Tree (Melaleuca alternifolia) pour les inflammations mineures de la muqueuse buccale
1 goutte d’HE à mélanger à chaque bain de bouche

Conseils en homéopathie

  • Aphtes : Kalium bichromicum 9ch + Mercurius corrosivus 9ch = 5 granules/jour en préventif et 3 à 4 fois/jour en curatif
  • Borax 5ch = 5 granules toutes les deux heures
  • Candidose buccale : Monilia albicans 9CH = 5 granules deux fois par jour
  • Gingivites, soif intense : Mercurius solubilis 7CH = 5 granules 3 à 4 fois/jour



d) Dysphagie

En cas de difficultés à avaler, que ce soit des difficultés à fermer les lèvres à cause de la sécheresse buccale ou des difficultés à bouger la langue, l’un et l’autre pouvant entrainer des fausses routes, il faut dans un premier temps stimuler la production de salive. Attention à ne pas faire l’erreur d’utiliser un liquide pour aider à avaler quelque chose de solide, déglutir deux textures différentes augmente le risque de fausse route.

  • Le mécanisme de déglutition est facilité si l’on aide la reconnaissance en bouche, pour cela il faut utiliser des produits acidulés, épicés ou du jus de citron
  • Les aliments très salés ou sucrés stimuleront la production de salive
  • Le risque de fausses routes est diminué en préférant des aliments bien chauds ou glacés
  • Les produits épais avec une texture lisse et uniforme tels que les potages épais, purées de légumes sont plus faciles à avaler
  • Changer l’eau plate en eau gazeuse
  • Utiliser de la poudre épaississante ou de l’agar-agar pour épaissir les boissons
  • Supprimer les aliments qui sont sous forme de petits morceaux comme les petits pois, le riz, la semoule etc.



e) Modification ou perte du goût

Repas fades
En cas de perte de goût, le patient doit rechercher à consommer des aliments plus fort en goût tels que des poissons, des viandes fumés ou des fromages fermentés. Si les aliments paraissent fades, les relever en utilisant des herbes aromatiques, des épices ou des aromates.

Amertume des aliments
Supprimer de l’alimentation les viandes rouges ; à la place prendre plutôt des viandes blanches telles que la volaille ou le lapin ; du poisson, des œufs, des quiches, des soufflés au fromage, au thon...

Aliments trop salés
Parfois la modification du goût entraine une augmentation du goût salé, il faut s’habituer à cuisiner sans sel et évincer les aliments qui en contiennent beaucoup naturellement comme les charcuteries, le bouillon de bœuf etc.

Goût métallique en bouche
En cas de goût métallique, une astuce peut être de prendre un pamplemousse en début de repas (attention aux contres indications avec certains traitements*) ; manger plutôt du poisson et des œufs que de la viande ; choisir des féculents à la place des légumes ; ou adoucir les légumes avec une sauce blanche de type béchamel.(38)
*Le pamplemousse est un inhibiteur enzymatique du cytochrome CYP3A4, il suffit d’un pamplemousse entier ou 200mL de jus de pamplemousse frais pour entrainer une interaction médicamenteuse cliniquement pertinente. Le risque d’inhibition est maximal lorsque le médicament est pris à moins de 4 heures du jus de pamplemousse ; ce risque d’interaction disparait totalement après un délai de 3 jours.

Goût désagréable en bouche
Se rincer la bouche en début de repas avec de l’eau gazeuse à laquelle du jus de citron est ajouté.


f) Activité physique
Cancers et traitement anti-cancéreux entrainent une fatigue importante, un repos prolongé entretient cette sensation de fatigue alors qu’une activité physique va la combattre. L’activité physique a également toute son importance pour développer la sensation de faim et en conséquence diminuer le risque de dénutrition. Parmi les soins de support, il existe le suivi de la personne par un coach sportif ; non seulement cela crée une rencontre et un moment d’échange entre les malades mais cela permet également d’augmenter la qualité de vie pendant les traitements ou après un cancer. Une activité physique adaptée n’agit pas seulement sur la fatigue, mais diminue également les effets indésirables des médicaments et le risque de récidives. Pendant les séances, le coach sportif apprend aux malades à se réapproprier leur corps pour leur permettre de retrouver une meilleure estime de soi.