L'accompagnement nutritionnel des patients cancéreux

Site: Ressources Pédagogiques de l'Université d'Angers
Cours: UNF3S - DU HMAD
Livre: L'accompagnement nutritionnel des patients cancéreux
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: samedi 27 avril 2024, 20:46

Description

Extrait de la thèse de Camille Moreau Troubles de l'alimentation et dénutrition chez le patient cancéreux ; thèse dirigée par Nicolas Clère.

1 - L'implication du professionnel de santé

Sommaire | 1 - L'implication du professionnel de santé

1 - 1 Parcours de soin

1 - 1 - 1 Dispositif d'annonce 

1 - 1 - 2 Programme personnalisé de soins (PPS)

1 - 1 - 3 Informations sur les soins de support

1 - 1 Parcours de soin

Le dernier Plan cancer est le plan cancer 2014-2019 : « Guérir et prévenir les cancers : donnons les mêmes chance à tous, partout en France ». Il s’agit du troisième plan cancer développé par le gouvernement et les professionnels de santé. 

1 - 1 - 1 Dispositif d'annonce

Le dispositif d’annonce a été mis en place grâce au plan cancer 2003-2007. Il s’agit de construire la prise en charge du patient sous quatre étapes bien définies.
La première étape correspond à un temps médical ; le diagnostic est annoncé à la personne puis une stratégie thérapeutique lui est proposée. Celle-ci est mise en place lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui implique au minimum trois médecins spécialistes. La décision d’accepter ce projet thérapeutique revient au malade. Une fois cette décision prise, il lui est remis son programme personnalisé de soins (PPS).
La seconde étape est le temps d’accompagnement soignant, le patient ainsi que ces proches ont accès à des soignants (le plus souvent il s’agit d’un infirmier). Cette étape peut avoir lieu à la suite de la consultation médicale ou après quelques jours. Le soignant se rend disponible pour écouter le patient, réexpliquer la consultation médicale, et pour lui donner toutes les informations nécessaires sur les soins à venir. Il l’informe également des autres professionnels qu’il peut rencontrer (psychologue, assistant social etc.)
La troisième étape représente les soins de support. Selon le Plan Cancer 2003, les soins de support sont définis comme « Ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades, tout au long de la maladie, conjointement aux traitements spécifiques lorsqu’il y en a. » Ceux-ci seront développés un peu plus tard dans ce chapitre. (cf 1.1.4)
La quatrième et dernière étape est l’étape dans laquelle intervient le pharmacien d’officine, il s’agit du temps d’articulation avec la médecine de ville. Dès cette première prise en charge, l’hôpital informe le médecin traitant ; il est essentiel qu’il soit impliqué dans le parcours de soins pour son contact privilégié avec le patient. Il en est de même pour le pharmacien habituel du malade. Ce dispositif d’annonce met en avant la coordination et le travail de liaison retrouvés entre les professionnels de santé.

1 - 1 - 2 Programme personnalisé de soins (PPS)

Le programme personnalisé de soins doit être remis à tous les patients à la suite de l’annonce du diagnostic lorsque qu’il a été décidé quelle stratégie thérapeutique suivre. À l’intérieur de ce dossier, on retrouve les informations indispensables sur le patient (ses coordonnées ainsi que les coordonnées de sa personne de confiance), sur l’établissement et le médecin qui l’ont pris en charge, puis les dates de la consultation d’annonce et de remise du programme. 

Volet soins
Ce volet reprend le plan thérapeutique avec le calendrier prévisionnel des soins. Il relate toutes les informations nécessaires à l’organisation pour suivre le traitement (durées prévisibles d’hospitalisation, lieux et dates des différentes cures prévues etc.). Cette partie comprend également les différents bilans prévus et tous les documents qui seront transmis au médecin traitant en précisant à quelle date.

Volet social
À l’intérieur de ce volet se trouve le bilan social du patient ainsi que les coordonnées de la personne l’ayant réalisé et également les coordonnées de l’assistante sociale qui s’occupe du malade. Si des actions ont été mises en place pour aider le patient, elles seront précisées ici (avec l’accord du patient).

Les contacts utiles
Cette dernière partie met à disposition du patient les coordonnées des différentes personnes intervenant dans sa prise en charge, que ce soit du domaine sanitaire ou sociale :

  • Médecins référents et spécialistes / Médecin traitant
  • Infirmiers de coordination et d’information
  • Pharmacien de ville
  • Laboratoire d’analyse médicale
  • Intervenants de ville (Kinésithérapeute, infirmiers etc.)
  • Associations de malade
  • Réseaux de santé territoriaux
  • Structures d’hospitalisation à domicile (HAD) et/ou hôpital de proximité
  • Organismes sociaux

1 - 1 - 3 Informations sur les soins de support

Les soins de support représentent l’ensemble des soins mis à disposition du patient et de son entourage afin de mieux vivre avec la maladie. Ils visent à améliorer la qualité de vie des patients, que ce soit d’un point de vu psychologique, physique ou social. Ils peuvent concerner la prise en charge de la douleur ; la prise en charge psychologique grâce au suivi par un psychologue ; ou encore la prise en charge nutritionnelle avec des diététiciens et/ou médecins nutritionnistes ; ce sont trois domaines principaux d’intervention des soins de supports mais il en existe bien d’autres encore. De nombreux professionnels de santé se rendent disponibles pour répondre aux besoins des patients, pour assurer une prise en charge de la personne dans sa globalité : masseurs-kinésithérapeutes, socio-esthéticienne, assistantes sociales, enseignants en activités physiques adaptés, ergothérapeutes, orthophonistes...
Des associations sont là pour promouvoir les soins de support et informer les patients de leur existence : AFSOS (Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support ; www.afsos.org) ou la Ligue contre le Cancer (www.ligue-cancer.net). Le professionnel de santé doit avoir connaissance de ces soins et de ces associations pour transmettre l'information au patient.

2 - L'accompagnement nutritionnel en pratique

Sommaire | 2 - L'accompagnement nutritionnel en pratique

2 - 1 Communication avec le patient cancéreux

2 - 2 Communication avec l'entourage du malade

2 - 3 Prise en charge de la dénutrition

2 - 3 - 1 Améliorer l'alimentation : fractionner, compenser et enrichir

2 - 3 - 2 Conseils hygiéno-diététique

2 - 3 - 3 Compléments nutritionnels oraux (CNO)

2 - 3 - 4 Nutrition artificielle

2 - 4 "L'alimentation est un soin" Exemple de l'ICO

2 - 1 Communication avec le patient cancéreux

Il est important d’oser susciter le dialogue avec le patient tout en restant spontané et naturel. Le patient attend de son soignant non seulement des conseils et du professionnalisme mais également que celui ci soit à l’écoute, empathique et qu’il le soutienne dans cette épreuve. Si elle est en confiance, la personne se confiera plus facilement sur son quotidien et il est du rôle du pharmacien de lui apporter des conseils pour améliorer sa qualité de vie. Il va pouvoir dans un premier temps reprendre les conseils hygiéno-diététiques selon le problème évoqué puis si besoin orienter vers des produits conseils adaptés.

2 - 1 - 1 Engager la conversationIl n’est pas évident d’engager la conversation sans être trop intrusif dans l’intimité de la personne, commencer par demander quel organe est touché est un point de départ intéressant. Selon l’attitude du patient, vous pouvez continuer le dialogue : « Comment se passe votre prise en charge ? » ou « Comment vous sentez vous avec les soignants ? ». Ce sont des questions ouvertes qui laissent le patient s’exprimer, il est libre de choisir s’il veut développer le sujet ou en rester là. Le professionnel de santé doit savoir de quel cancer le patient est atteint à la première ou à la deuxième délivrance. Si c’est plus tard, cela lui enlève de la crédibilité vis à vis du patient.


2 - 1 - 2 Phrases à éviter

Certaines phrases sont à éviter, car elles peuvent mettre mal à l’aise ou même contrarier la personne. Voici quelques tournures de phrases qu’il vaut mieux ne pas utiliser:

  • « Est ce que vous allez bien ? »
  • « Il faut garder le moral »
  • « Je sais ce que vous ressentez »
  • « Tout va bien se passer »
  • « Ne vous inquiétez pas, ça va aller »
  • « Vous n’avez pas l’air malade »
  • « Un jour tout sera derrière vous »


Il est préférable d’utiliser des tournures telles que « Comment vous sentez vous ? », ou pour redonner du courage : « Vous avez des ressources, il faut les mobiliser. » 


2 - 1 - 3 Espace de confidentialitéIl ne faut pas hésiter à proposer au patient d’aller s’isoler dans l’espace de confidentialité s’il préfère. Il est plus facile de s’exprimer sans être entouré par les autres patients, en particulier au niveau des espaces public comme les pharmacies. Lors de la conversation, si la personne n’utilise pas le mot « cancer », essayez de ne pas l’utiliser également. Laissez la personne parler librement, sans l’interrompre et lorsqu’il n’est pas possible de trouver une réponse optimiste, dans ces cas là il faut accepter de se taire et de laisser le silence pour toute réponse. Les gestes affectifs tels que poser une main sur l’avant bras ou sur l’épaule sont très bien perçus et instaurent un climat de confiance. Les gestes et l’attitude sont plus importants que la parole. Lors de cet entretien, le pharmacien peut en profiter pour construire avec le patient une fiche conseil personnalisée selon les effets indésirables ressentis.

2 - 2 Communication avec l'entourage du malade

Il est tout aussi important de s’intéresser à la famille du malade car bien souvent elle nécessite également une prise en charge psychologique pour l’aider à affronter cette période. Les soins de supports tels que la prise en charge par une psychologue et/ou une assistante sociale sont tout autant à la disposition de la famille qu’à celle du malade. L’entourage a un besoin accru d’informations, d’écoute et de soutien vis à vis de la maladie de son proche. Tout ce qui a été développé dans la partie précédente s’applique également à la famille du malade.

2 - 3 Prise en charge de la dénutrition

Il faut être à l'affût des signes de dénutrition afin de proposer une prise en charge au patient et/ou le réorienter vers un professionnel de santé adapté. Cependant il faut suivre une certaine ligne de conduite, proposer les bons conseils au bon moment et savoir déceler quand les conseils hygiéno-diététiques ne sont plus suffisants. En premier lieu, en cas de perte de poids, le patient doit fractionner les repas, manger plus souvent des petites quantités afin d’améliorer l’assimilation des aliments. En complément il peut enrichir ses repas en augmentant la densité calorique et protéique de l’alimentation sans augmenter le volume de l’assiette. À la suite de cela une réévaluation de la perte de poids sera faite à 15 jours. Si les mesures précédentes ne sont pas suffisantes pour limiter la perte de poids, des CNO adaptés aux besoins du patient sont prescrits. Il s’agit d’un traitement à part entière ayant pour objectif de compléter les besoins nutritionnels du patient dénutri. En parallèle, des conseils hygiéno-diététiques peuvent être dispensés pour limiter les troubles de l’alimentation dus aux effets indésirables des traitements ou à la tumeur.

2 - 3 - 1 Améliorer l'alimentation : fractionner, compenser et enrichir

a) Fractionner

Fractionner l’alimentation en multipliant les repas permet à une personne avec un appétit diminué de manger en petite quantité tout en assurant les apports caloriques journaliers. C’es-à-dire garder les trois repas principaux en ajoutant deux à trois collations. Il est essentiel de boire 1,5 à 2L d’eau par jour, cependant il faut limiter la consommation de boisson pendant les repas pour ne pas couper l’appétit. Le grignotage est autorisé, quand l’envie de manger survient, il ne faut pas se retenir et il est bon d’avoir sous la main des aliments riches en calories comme du fromage pour les envies salées ou des biscuits pour les envies sucrées.


b) Compenser 

Certains aliments sont essentiels à l’alimentation pour couvrir les besoins énergétiques, pour diversifier l’alimentation, on peut remplacer un aliment par un autre. Le tableau 1 développe quelques exemples de compensation.

Tableau 1 : Quelques exemples de compensation d'aliments

ALIMENTS

ÉQUIVALENCE

APPORTS PRINCIPAUX

VIANDES

(100 grammes)

100g de volaille

2 tranches de jambon cuit/cru

100g de poisson

2 œufs

1 part de quiche

4 yaourts

70g de fromage type gruyère/comté/gouda...

 

 

 

20g de protéines

Fer

MATIÈRES GRASSES

(1 cuillère à soupe)

Crème fraiche épaisse

Huile

Beurre fondu

75-90 calories

Vitamines A, D et E

 

 

LÉGUMES

 

Sous forme de potage

Sous forme de purée

Sous forme d’entrée mixée

 

 

Vitamines

Minéraux

Fibres

 

FRUITS

 

Jus de fruits / Fruits pressés

Compotes

Fruits cuits / Fruits au sirop

 

 

 

Vitamine C

 

 

 

 

 

PRODUITS LAITIERS

(1 portion)

 

3 cuillères à soupe de poudre de lait entier ou lait concentré entier

 

 

8 g de protéines

 

20 g de fromage râpé

1 yaourt nature

2 petits suisses

100g de fromage blanc

1 crème dessert

1 part d’entremets type flan/crème anglaise/gâteau de riz/gâteau de semoule

 

 

 

5g de protéines

Calcium

Vitamines A, D et du groupe B

 

FÉCULENTS

(1 assiette)

60g (poids cru) de pâtes/riz/semoule

3 pommes de terres moyennes

80g (poids cru) de légumes secs

80g de pain

 

 

 

150 à 250 calories



Il est également possible de varier les textures c’est-à-dire hacher, mixer ou réduire les aliments sous formes liquides pour adapter les repas aux capacités de mastication et déglutition du patient.

Alimentation hachée
En cas de difficultés à avaler et/ou à mastiquer, hacher la nourriture va lui donner une consistance plus tendre sans diminuer l’apport calorique des aliments. Les aliments de consistance assez molle peuvent être écrasés, sinon il faut les couper en très petits morceaux. Pour rendre cette étape plus simple, il est pratique d’utiliser des sauces, jus ou bouillon pour humidifier les aliments (ce qui permet en plus d’enrichir le repas).

Alimentation mixée
Mixer l’alimentation permet de réduire les aliments en purée plus ou moins fine selon les capacités de mastication/déglutition du patient. Avec cette méthode de réduction des aliments, le repas parait moins appétissant, il faut soigner la présentation pour donner envie de manger. Il est important d’augmenter la densité calorique de l’assiette en rajoutant de la crème/beurre/huile (matières grasses) et un œuf ou du fromage râpé/frais (protéines) etc.

Alimentation liquide
Mettre les aliments sous forme liquide est idéale pour les personnes ayant des capacités très diminuées à mâcher et à avaler cependant cela dilue beaucoup l’alimentation ce qui la rend pauvre en énergie. Il est indispensable d’enrichir les préparations.


c) Enrichir
Comme dit précédemment, enrichir l’alimentation consiste à augmenter l’apport calorique et protéique des repas sans augmenter la quantité à manger. Pour cela voici quelques aliments qu’il est possible de rajouter dans l’assiette : des œufs, du gruyère râpé, de la poudre de lait, de la crème fraîche, du beurre fondu, arroser l’assiette avec une cuillère à soupe d’huile...

2 - 3 - 2 Conseils hygiéno-diététique

Avec quoi ? Comment ?
Beurre En tartine et dans les soupes, sauces, purées, sur les pâtes et les légumes
Crème, double crème, crème acidulée, séré à la crème Crème liquide dans les soupes, sauces, soufflés, gratins, milk-shakes, crème foutée dans le birchemuesli, les desserts, les compotes
Huile d'olive, de colza Dans les soupes, sauces, soufflés, gratins et la sauce à salade
Sucre, miel Dans les boissons, soufflés, compotes et autres desserts
Séré à la crème Dans les soupes, les sauces, les gratins, purées, en tartine (sucrée ou salée), comme dessert avec des fruits
Fromage râpé, mascarpone Avec des aliments ou plats salés comme soupes, gratins, pâtes, risotto, polenta, sauces
Lait en poudre Dans les soupes, sauces, purées, frappés, crèmes, desserts
Attention : ne convient pas aux personnes souffrant de diarrhée ou d'allergie au lactose



Pour chaque effet indésirable ayant une conséquence sur l’alimentation du patient, il sera repris des conseils hygiéno-diététiques pour limiter les troubles, puis des conseils associés aux prescriptions médicales et enfin des conseils complémentaires en aromathérapie et/ou homéopathie.
Pour les conseils en aromathérapie, il est important de bien prendre soin de s’informer des contres indications spécifiques à chacune des huiles essentielles. On peut déjà citer les contres indications générales : asthme, épilepsie, femme enceinte et enfant de moins de 12 ans. Concernant l’homéopathie, il s’agit de traitements accompagnant les prescriptions ou étant pris en seconde intention ; cela peut ne pas être suffisant utilisé seul. Dans tous les cas, aucun médicament ne doit être pris pendant les cures de chimiothérapies ou radiothérapies sans l’avis du médecin spécialiste concerné.


a) Nausées - Vomissements
Comme vu précédemment, un patient traité pour un cancer est très souvent sujet aux nausées, surtout lors des cures de chimiothérapies. Pour les limiter, le patient peut supprimer le lait et toutes préparations riches en lait au petit-déjeuner du jour de la cure. À la place de cela il est préférable de prendre un morceau de fromage qui tiendra mieux au corps. Il est essentiel de ne pas aller le ventre vide à une séance de chimiothérapie.

  • Prendre des aliments sous forme lisse et épaisse empêchera un brassage trop important de l’estomac.
  • Pour éviter les nausées liées aux odeurs, préférer des aliments froids plutôt que chaud.
  • Boire en petites quantités mais plus régulièrement.
  • Fractionner les repas, comme l’apport hydrique, manger en petites quantités mais plus souvent.
  • Éviter les graisses cuites.



Conseils en aromathérapie


Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage bien établi de l’Huile essentielle de Menthe Poivrée (Mentha piperita) en inhalation ou une goutte 3 fois/jour par voie orale pour soulager les nausées-vomissements
Usage traditionnel de l’Huile essentielle (HE) de Lavande fine (Lavandula angustifolia) en inhalation pour soulager les nausées liées à l’anxiété

Conseils en phytothérapie

Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage bien établi du Gingembre (Zingiber officinale) pour les nausées vomissements : une gélule à 250mg d’extrait sec 4 heures avant la chimiothérapie puis une gélule toutes les 4 heures si besoin.

Conseils en homéopathie

  • Nux vomica 9ch : hypersensibilité aux odeurs, nausées calmées par les vomissements
  • Ipeca 9ch : nausées non améliorées par vomissement, hypersalivation, langue propre
  • Cocculus 9ch : nausées, vertiges, améliorés en fermant les yeux et par la chaleur
  • Veratrum album 9ch : vomissements, 5 granules 3 à 4 fois par jour.
  • Gelsemium 15ch : nausées par anticipation, 1 dose avant la perfusion


En première intention, il faut privilégier l’utilisation de l’huile essentielle de Menthe poivrée, s’il n’y a pas de contres indications, ou du gingembre. 

b) Diarrhée - Constipation
Que ce soit en cas de diarrhée ou de constipation, l’apport hydrique est essentiel. Boire fréquemment évite une perte d’eau et de minéraux trop importante en cas de diarrhée ; et facilite le transit en cas de constipation. Adapter l’alimentation en conséquent, c’est-à-dire en cas de diarrhées :

  • favoriser carottes (cuites), riz blanc, banane, pomme (crue), pâtes, pain blanc, le coing
  • diminuer les aliments riches en fibres : pain complet, lentilles, fruits et légumes en général
  • remplacer le lait classique par du lait sans lactose
  • éviter le café, les sodas, les jus de fruits trop frais


En cas de constipation, ce sera l’inverse : augmenter les apports en fibres et diminuer les aliments ralentissant le transit tels que les féculents, la banane, la pomme etc.

Pharmacien : conseils au comptoir


En cas de diarrhées :

1) Les probiotiques : Très bon conseil associé en cas de diarrhées pour régénérer la flore intestinale mais attention à leur utilisation, il n’est pas conseillé d’en prendre pendant la cure de chimiothérapie, il faut les prendre plutôt après.

2) Ultra-levure® : Anti-diarrhéique d’origine microbienne qui va favoriser la restauration de la flore intestinale, médicament contre indiqué si présence d’une chambre implantable.

Conseils en homéopathie

  • Constipation : Alumina 5CH = 5 granules matin et soir, constipation iatrogène
  • Diarrhées : China rubra 9ch = 5 granules après chaque selle liquide



c) Mucites - Aphtes
La présence de mucites et d’aphtes entrainent des douleurs buccales importantes, surtout au moment des repas. De simples recommandations permettent de limiter ces douleurs et/ou de s’alimenter malgré celles-ci :

  • Favoriser des repas crémeux, onctueux, rajouter de la sauce ou de la crème ; a contrario éviter les aliments durs (croûte de pain, aliments panés...)
  • Mixer les aliments
  • Privilégier les aliments froids, lactés, lisses
  • Éviter les aliments acides qui vont piquer (vinaigrette, jus de fruits..) ; et supprimer la pomme de terre car ses particules restent collées à la muqueuse de la gorge et entrainent une irritation.
  • Boire à la paille pour limiter le contact avec la bouche
  • Penser aux matières grasses qui lubrifient la bouche ce qui aidera à avaler les aliments



Quelques conseils à donner lorsqu'un bain de bouche au bicarbonate de sodium est prescrit au patient :

  • Faire les bains de bouche au minimum 5 fois par jour dès le début de la chimiothérapie, il s’agit d’un traitement préventif pour alcaliniser la muqueuse buccale. L’ajout d’antifongique ou d’antibiotique se fait dès les premiers symptômes d’infection.
  • Utiliser une brosse à dent souple



Conseils en aromathérapie

Selon l’HMPC de l’EMA :

Usage traditionnel de l’Huile essentielle de Tea Tree (Melaleuca alternifolia) pour les inflammations mineures de la muqueuse buccale
1 goutte d’HE à mélanger à chaque bain de bouche

Conseils en homéopathie

  • Aphtes : Kalium bichromicum 9ch + Mercurius corrosivus 9ch = 5 granules/jour en préventif et 3 à 4 fois/jour en curatif
  • Borax 5ch = 5 granules toutes les deux heures
  • Candidose buccale : Monilia albicans 9CH = 5 granules deux fois par jour
  • Gingivites, soif intense : Mercurius solubilis 7CH = 5 granules 3 à 4 fois/jour



d) Dysphagie

En cas de difficultés à avaler, que ce soit des difficultés à fermer les lèvres à cause de la sécheresse buccale ou des difficultés à bouger la langue, l’un et l’autre pouvant entrainer des fausses routes, il faut dans un premier temps stimuler la production de salive. Attention à ne pas faire l’erreur d’utiliser un liquide pour aider à avaler quelque chose de solide, déglutir deux textures différentes augmente le risque de fausse route.

  • Le mécanisme de déglutition est facilité si l’on aide la reconnaissance en bouche, pour cela il faut utiliser des produits acidulés, épicés ou du jus de citron
  • Les aliments très salés ou sucrés stimuleront la production de salive
  • Le risque de fausses routes est diminué en préférant des aliments bien chauds ou glacés
  • Les produits épais avec une texture lisse et uniforme tels que les potages épais, purées de légumes sont plus faciles à avaler
  • Changer l’eau plate en eau gazeuse
  • Utiliser de la poudre épaississante ou de l’agar-agar pour épaissir les boissons
  • Supprimer les aliments qui sont sous forme de petits morceaux comme les petits pois, le riz, la semoule etc.



e) Modification ou perte du goût

Repas fades
En cas de perte de goût, le patient doit rechercher à consommer des aliments plus fort en goût tels que des poissons, des viandes fumés ou des fromages fermentés. Si les aliments paraissent fades, les relever en utilisant des herbes aromatiques, des épices ou des aromates.

Amertume des aliments
Supprimer de l’alimentation les viandes rouges ; à la place prendre plutôt des viandes blanches telles que la volaille ou le lapin ; du poisson, des œufs, des quiches, des soufflés au fromage, au thon...

Aliments trop salés
Parfois la modification du goût entraine une augmentation du goût salé, il faut s’habituer à cuisiner sans sel et évincer les aliments qui en contiennent beaucoup naturellement comme les charcuteries, le bouillon de bœuf etc.

Goût métallique en bouche
En cas de goût métallique, une astuce peut être de prendre un pamplemousse en début de repas (attention aux contres indications avec certains traitements*) ; manger plutôt du poisson et des œufs que de la viande ; choisir des féculents à la place des légumes ; ou adoucir les légumes avec une sauce blanche de type béchamel.(38)
*Le pamplemousse est un inhibiteur enzymatique du cytochrome CYP3A4, il suffit d’un pamplemousse entier ou 200mL de jus de pamplemousse frais pour entrainer une interaction médicamenteuse cliniquement pertinente. Le risque d’inhibition est maximal lorsque le médicament est pris à moins de 4 heures du jus de pamplemousse ; ce risque d’interaction disparait totalement après un délai de 3 jours.

Goût désagréable en bouche
Se rincer la bouche en début de repas avec de l’eau gazeuse à laquelle du jus de citron est ajouté.


f) Activité physique
Cancers et traitement anti-cancéreux entrainent une fatigue importante, un repos prolongé entretient cette sensation de fatigue alors qu’une activité physique va la combattre. L’activité physique a également toute son importance pour développer la sensation de faim et en conséquence diminuer le risque de dénutrition. Parmi les soins de support, il existe le suivi de la personne par un coach sportif ; non seulement cela crée une rencontre et un moment d’échange entre les malades mais cela permet également d’augmenter la qualité de vie pendant les traitements ou après un cancer. Une activité physique adaptée n’agit pas seulement sur la fatigue, mais diminue également les effets indésirables des médicaments et le risque de récidives. Pendant les séances, le coach sportif apprend aux malades à se réapproprier leur corps pour leur permettre de retrouver une meilleure estime de soi. 

2 - 3 - 3 Compléments nutritionnels oraux (CNO)

a) Généralités

Les CNO font partis des Aliments Diététiques Destinés à des Fins Médicales Spéciales (ADDFMS). Il s’agit de compléments hyperénergétiques et/ou hyperprotidiques. Un produit est considéré comme hyperénergétique s’il apporte plus de 1,5 kcal/ml ou 1,5kcal/g ; et comme hyperprotidique pour un apport en protéines supérieur ou égal à 7,0g/100mL ou 7,0g/100g. Selon les recommandations de l’HAS, l’apport minimum conseillé est de 30g par jour de protéines ou 400 kcal par jour ; ce qui correspond à peu près à 2 produits par jour. Le maximum conseillé est 80g de protéines par jour ou 1000 kcal par jour.

Ces compléments sont pris en charge par la sécurité sociale si certaines règles de prescription sont respectées :

  • Première prescription pour un mois maximum
  • Évaluer l’observance après 2 semaines de traitement
  • Renouvellement pour trois mois maximum avec une réévaluation des besoins, analyse :
    • Du poids
    • De l’état nutritionnel
    • De l’évolution de la pathologie
    • Des apports spontanés par voie orale
    • De la tolérance du CNO
    • De l’observance du CNO


Les compléments nutritionnels oraux ne se substituent pas à un repas, ils sont en compléments, ils sont à prendre à distance des repas (2 heures avant ou après) en tant que collation. Ils peuvent être pris au moment d’un repas si cela s’ajoute au repas et ne le remplace pas.

b) Astuces pour une meilleure observance
Les CNO peuvent vite devenir lassant pour le patient qui doit en prendre tous les jours. Voici quelques conseils à communiquer pour rendre la prise plus agréable et faciliter l’observance. Dans un premier temps il est possible en début de journée de transvaser dans un autre contenant le CNO afin de ne pas avoir l’impression de prendre un médicament. Après ouverture il se conserve maximum 24 heures au réfrigérateur ou 2 heures à température ambiante. Ensuite il faut que le patient varie régulièrement les textures et les parfums pour ne pas atteindre un sentiment de lassitude et de dégoût pour le produit. Selon les envies, le patient peut varier la température des CNO : les jus de fruits, crèmes sont meilleurs très frais alors que les boissons lactées (arôme café, chocolat) ou potages se prennent mieux tiédis au bain marie ou au four à micro-ondes. Selon la saison il est également  possible de prendre les crèmes sous forme de crèmes glacées en les plaçant au congélateur. Peu importe la texture, il faut bien mélanger/agiter le produit avant utilisation.

c) Les différents produits
Différentes marques de CNO sont disponibles sur le marché, chacune est à peu près équivalente concernant l’apport protéino-énergétique des produits. Chaque produit, de part sa composition ou sa texture, est fait pour répondre à des critères bien définis ce qui confère aux CNO des indications différentes. À l’heure actuelle, le développement des gammes de CNO est tel qu’il est proposé des produits spécifiques pour les personnes diabétiques ou pour les pathologies nécessitant un apport en fibres. Le tableau 2 développe l’apport en énergie et en protéines des CNO selon la forme utilisée ; l’exemple des produits de la marque Fresubin® a été utilisé pour ce tableau. Tous les produits sont pris en charge par la sécurité sociale exceptés les eaux gélifiées et épaississants.

PRODUITS

(Contenance)

HYPERCALORIQUE/ HYPERPROTÉIQUE

ENERGIE / PROTÉINES

INDICATIONS

CRÈMES

(200g)

Hypercalorique

Hyperprotéiné

400 KCal

20 g

Tout type de dénutrition

BOISSONS LACTÉES

(200ml)

Hypercalorique

Hyperprotéiné

400 KCal

20 g

Tout type de dénutrition

BOISSONS FRUITÉES

(200ml)

Hypercalorique

300 KCal

20 g

Déshydratation

DESSERTS LACTÉS

(200g)

Hypercalorique

Hyperprotéiné

300 KCal

15 g

Troubles de la déglutition

Déshydratation

DESSERTS FRUITÉS

(125g)

Hypercalorique

Source de protéines

200 KCal

8,75 g

Troubles de la déglutition

 

 SOUPES

(200ml)

Hypercalorique

Hyperprotéiné

300 KCal

14 g

Déshydratation

PLATS MIXÉS

(300g)

Hypercalorique

Hyperprotéiné

450-480 KCal

23,4-27 g

Troubles de la déglutition

 

EAU GÉLIFIÉE

(125g)

x

33-39 Kcal

0 g

Troubles de la déglutition

Déshydratation

POUDRE DE PROTÉINES

(Dose de 5g)

x

18 Kcal

4,4 g

Tout type de dénutrition

ÉPAISSISSANTS

(Dose de 4,5g)

x

16,8 Kcal

0 g

Troubles de la déglutition

 



Les CNO semblent être une complémentation intéressante pour rectifier les apports protéino-énergétiques des patients. Seulement il faut prendre en compte que cela constitue un volume important à absorber en supplément des repas alors que les carences en nutriments sont très souvent dus à une anorexie. Un deuxième point à mettre en évidence est le fait qu’ils ne peuvent s’utiliser que chez les patients ayant un tube digestif fonctionnel, sans cela ils n’ont aucun intérêt. 

2 - 3 - 4 Nutrition artificielle

Si malgré toutes les recommandations pour faciliter et enrichir l’alimentation ; l’alimentation orale du patient ne suffit pas à couvrir les apports nutritionnels minimums, la nutrition artificielle est à envisager pour un temps défini. La SFNEP (Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolique) a mis en place des recommandations avec des Plans Personnalisés de Soin (PPS) selon le traitement et la localisation des tumeurs.
La nutrition entérale utilise des sondes naso-gastriques ou naso-intestinales pour administrer les nutriments sous forme de liquides. Il existe également des sondes qui traversent la peau et atteignent directement l’estomac (gastrostomie) ou l’intestin grêle (jéjunostomie). La nutrition parentérale utilise la voie intraveineuse, les macronutriments et micronutriments sont administrés sous forme de solutés. Dans la mesure du possible, la nutrition entérale sera à privilégier car elle est plus physiologique, elle préserve les fonctions digestives et comporte moins de risques de complications. Elle n’est utilisable que si le tube digestif est fonctionnel. La nutrition parentérale est utilisée en cas de contre indication à la voie entérale, en cas de malabsorption anatomique ou fonctionnelle ou si la nutrition entérale a déjà été réalisée et a été un échec. Si la nutrition entérale est utilisée exclusivement pendant plus de 7 jours, il est nécessaire d’avoir une prescription de vitamines et minéraux par voie parentérale pour assurer les besoins nutritionnels en micronutriments. La nutrition artificielle peut être arrêtée si le poids du patient se stabilise ou augmente progressivement et que l’alimentation orale apporte au minimum 60% des apports caloriques nécessaires.

2 - 4 "L'alimentation est un soin" Exemple de l'ICO

L’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO) est un centre pluridisciplinaire de lutte contre le cancer. Il se concentre sur plusieurs missions : les soins, la recherche et l’enseignement. Il se décline sur deux sites, l’un d’eux est le Centre Paul Papin à Angers et l’autre le Centre René Gauducheau à St Herblain.
L’alimentation étant un problème très fréquent chez les patients atteints de cancer, l’ICO a réalisé, en partenariat avec l’école hôtelière de Saumur, une vidéo reprenant des recettes simples avec des produits courants et riches ainsi que des fiches recettes. Leur but est de donner du plaisir à cuisiner aux patients grâce à des plats simples et raffinés. De plus ces recettes vont permettre un apport protéino-énergétique intéressant dans le cadre d’une pathologie cancéreuse.

Vous retrouverez chacune des recettes proposées en annexe et le film est accessible à l’adresse suivante : http://www.ico-cancer.fr/l-ico/videotheque/
Il peut être intéressant pour tout professionnel de santé d’avoir connaissance de ces fichiers pour les communiquer à un patient qui est sous compléments nutritionnels oraux et/ou qui rapporte une perte d’appétit.