1. L'automédication 

L'automédication n'est pas recommandé pour les enfants atteints d'épilepsie. Un professionnel de santé doit être consulté avant toute prise de médicaments. Voici quelques informations permettant d'accompagner les pharmaciens d'officine sur ce sujet : 

  • La supplémentation en vitamine D peut être indiquée chez l’enfant et l’adolescent pendant la période de croissance car certains traitements antiépileptiques peuvent entrainer une hypovitaminose D.
  • Fièvre & épilepsie : l’apparition d’une crise n’est pas corrélée à la température. La fièvre ne favorise pas la survenue d’une crise. Un antipyrétique ne doit pas être administré systématiquement si la fièvre est bien tolérée par l’enfant.
  •  On va proscrire l’usage et l’utilisation d’huiles essentielles chez tous les patients avec des antécédents de convulsions. Ce sont notamment les huiles essentielles contenant des dérivés terpéniques qui sont contre-indiqués chez le patient épileptique (Eucalyptus, Camphre, Lévomenthol, … ). Les médicaments OTC ou compléments alimentaires en renfermant sont par extension également contre-indiqués. Nous pouvons citer notamment : Vicks Vaporub®, Baume Aroma®, Drill® citron-menthe, Vocadys®, Hextril®, ...  Néanmoins, peu d’études sur les autres huiles essentielles ont été réalisées. Rappelons que l’utilisation d’aérosol contenant des huiles essentielles ou des diffuseurs sont à proscrire du domicile.

L’ANSM a constaté une augmentation de l’usage de CBD par des achats sur internet depuis l’autorisation de mise sur le marché d’Epidyolex®, médicament contenant du cannabidiol et autorisé depuis peu pour des syndromes épileptiques bien précis. Or, ce médicament dispose d’une formulation et d’une preuve d’efficacité que n’offre pas le CBD disponible sur Internet ou en vente libre en pharmacie. Il ne dispose d’aucune garantie d'efficacité de part son statut de compléments alimentaires. Dans le cas de question sur la possibilité de prescription de CBD pour son enfant, il faut se rapprocher de son spécialiste.

2. Les vaccins 

Le calendrier vaccinal chez un enfant épileptique est le même que chez les enfants non épileptiques : seuls de très rares cas demandent un avis spécialisé. Comme mentionné précédemment, aucune corrélation entre la fièvre, pouvant être une conséquence dans les jours suivant l’administration d’un vaccin, et la survenue d’une crise épileptique n’a été démontrée.

3. Les traitements des autres pathologies 

 Le pharmacien se doit d’être vigilant en cas de prescription de médicaments pro-convulsivants :

Anti-infectieux :

  • Fluoroquinolones : Contre-indication par abaissement du seuil épileptogène par inhibition des liaisons GABA à ses récepteurs. 
  • Méfloquine : Contre-indication en cas d’épilepsie par majoration du risque de convulsions.
  • Isoniazide antituberculeux : Précaution d’emploi par diminution de la biosynthèse du GABA qui entraine une diminution du seuil épileptogène & favorise les convulsions. Un suivi rapproché est nécessaire. 
  • Bêta lactamines (Amoxicilline) : Précaution d’emploi lorsque prescrite à forte dose car augmentation du risque de convulsions. 

Antalgiques :  

  • Tramadol : Abaissement du seuil épileptogène. Contre-indication si épilepsie non contrôlée.
  • Morphine : Contre indication en cas d'épilepsie non contrôlée. 

Anti-émétique :  

  • Métoclopramide : Contre indication dans toutes les formes d'épilepsie car augmente la fréquence et l'intensité des crises. 

Anesthésique local :

  • Lidocaïne : Précaution d’emploi chez les patients épileptiques contrôlés. Contre-indication chez les patients non contrôlés.

 Anti-inflammatoires stéroïdiens :

  • Corticoïdes : Précaution d’emploi d’autant plus si le traitement est prolongé à forte dose.

Bronchodilatateur :

  • Théophylline : Précaution d’emploi car diminution du seuil épileptogène. Surveillance rapprochée.

Immunosuppresseurs :

  • Tacrolimus : Précaution d’emploi face au risque de développer un Syndrome d’Encéphalopathie Postérieure Réversible (SEPR)

Une grande vigilance est de mise également sur tous les médicaments modifiant l'absorption des traitements : les pansements digestifs comme la diosmectite (Smecta®) ou encore le Bicarbonate de Sodium / Sodium Alginate (Gaviscon®). Ceux-ci sont à administrer à distance des médicaments anti-épileptiques : minimum 2 heures d'intervalle. Si ce délai n'est pas respecté le risque est d'entrainer une baisse d'efficacité du traitement de fond antiépileptique et une recrudescence des crises. 

Last modified: Sunday, 14 January 2024, 12:13 PM