Traitements

2. Traitement de fond

L'arsenal thérapeutique de 1ère ou 2e ligne ne cesse de croitre : il existe une dizaine de molécules disposant d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) chez les enfants. Le choix de la molécule se fait selon le type d’épilepsie diagnostiqué et selon les restrictions d’âge de l’AMM.

Concernant les traitements de fond, plusieurs classifications existent mais la plus utilisée est celle qui classe les molécules selon leur date de commercialisation. La 1ère génération correspond aux molécules commercialisées avant 1990. La 2e génération à celles disposant d’une AMM depuis les années 1990.

Les traitements de fond sont à administrer quotidiennement mais les mécanismes d’action précis de ces molécules restent encore flous. Plusieurs cibles d’action ont été identifiées impliquant les ions sodiques, calciques ou favorisant la transmission GABAergique : 

 1ère génération : 

  •  Molécules altérant la conduction sodique :
    • Phénytoine 
    • Carbamazépine
    • Oxcarbazépine

  • Molécules altérant la conduction calcique 
    • Ethosuximide

  • Molécules favorisant la transmission GABAergique 
    • Phénobarbital
    • Clobazam

  •  Molécules avec des mécanismes d’actions multiples : altération de la conduction sodique et favorisant la transmission GABAergique
    • Acide valproïque 

 2e génération : 

  • Molécules améliorant la transmission GABAergique
    • Lévétiracétam
    • Stiripentol
    • Vigabatrin

  •  Molécules altérant la conduction sodique 
    • Lacosamide

  • Mécanismes d'actions multiples 
    • Lamotrigine
    • Topiramate
    • Zonisamide

  • Cannabinoides : Epidyolex®

Vous trouverez dans l'outil "Catalogues de molécules" une fiche par médicaments vous informant plus en détail pour chacune des molécules sur leurs mécanismes d'action, les effets indésirables, les formes galéniques actuellement sur le marché, ... 

Catalogues de molécules : cf tableau des traitements

La molécule choisie par le neuropédiatre pour le traitement de fond doit être introduite progressivement pour s’affranchir des effets indésirables. La dose optimale sera atteinte en 2 à 8 semaines selon les molécules.

Dans une grande majorité des cas, lorsque les résultats escomptés ne sont pas atteints (= non-stabilisation de la pathologie), les doses sont augmentées jusqu’au possible. Si les crises perdurent et que l'épilepsie n'est pas stabilisée, l’instauration d’une bithérapie puis d’une trithérapie sera discutée.

Il ne doit pas être étonnant pour les pharmaciens d'officine de voir des dosages élevés en antiépileptiques car la métabolisation hépatique des enfants est différente de celle des adultes.

Les effets indésirables sont peu évoqués lors des consultations médicales. Un des rôles du pharmacien d'officine est d'informer et de prévenir les parents de ceux pouvant être fréquemment rencontrés. 

 Effets indésirables communs à tous :

  • Digestifs : nausées, vomissements, diarrhées
  • Neuropsychiatriques : Somnolence, modification de l’humeur, influence sur le poids (perte ou prise par augmentation ou diminution de l’appétit ou apparition d’œdèmes)

Remarque : La prise de poids est de l'ordre de quelques kilogrammes pour la majorité des antiépileptiques (Valproate, Carbamazépine, Oxcarbazépine, Vigabatrine, Lamotrigine). Il est recommandé la pratique d'une activité sportive et une adaptation légère de l'alimentation pour la limiter. Le recours a un diététicien ou à un psychologue peut être recommandé si l'enfant exprime un mal-être vis à vis de cet effet indésirable. 

La perte de poids est généralement entrainée par une diminution de l'appétit à cause des principes actifs (Topiramate, Ethosuximide, Clobazam, Stiripentol, Zonisamide, Cannabidiol). Une alimentation enrichie (crème fraiche, fromage, oeufs, ...) pourra alors être proposée. 

 Effets indésirables pour de nombreuses molécules :

  • Toxicité cutanée : rash, urticaires, éruptions cutanées pouvant entrainer un arrêt du traitement : Phénytoïne, Lamotrigine, Oxcarbazépine, Ethosuximide, Zonisamide
  • Toxicité hématologique (anémie, aplasie médullaire) : Acide valproïque, Phénobarbital, Phénytoïne, Carbamazépine, Ethosuximide
  • Toxicité hépatique : augmentation des transaminases (ASAT & ALAT) & GGT : Acide valproïque, Stiripentol, Cannabidiol